lundi 24 septembre 2012

Oui, monsieur Iba der Thiam, professeur émérite dans l’art des dithyrambes, oui, Macky Sall doit effectivement son "Curriculum vitae" à Wade.


 
Oui, monsieur Thiam, au moins sur ce plan là, nous sommes d’accord totalement  là-dessus. Les promesses d’un président normal doivent nécessairement suivre les actions sur le terrain et en toute objectivité, surtout sur un sujet  aussi vital et crucial qui interpelle la conscience, lorsqu’il s’agit d’une question de salubrité publique telle la transparence d’une bonne gouvernance, vertueuse et sobre. Nous réitérons nos propos, les comparaisons baroques d’un enfumage burlesque d’un Macky nourri du lait ultra libéral à un François hollande ne manquent pas de culot de la part d’incultes chevronnés et indignes, tombés sous l’escarcelle d’une vaste escroquerie politique, riment parfaitement avec la petitesse d’esprit des auteurs propagandistes, dressés en coupe réglée au nom de la pensée mécanique endiablée. Toute l’eau de mer ne suffit pas pour laver une tache de sang intellectuelle [Lautréamont], plutôt, nous disons qu’il n’y a pas de rivières pour laver ces crimes intellectuels, imprescriptibles à l’infini. Les masques tombent peu à peu à mesure que les jours et les mois passent. Les langues se délient pour démanteler admirablement la supercherie: « sobriété d’une bonne gouvernance vertueuse ». Bonne gouvernance vertueuse, mon œil ! Sobriété d’une bonne gouvernance vertueuse ou transparence d’un népotisme comme système de gouvernance ?


 Messieurs les Ministres et Ministres Conseillers, levez-vous et au garde-à-vous, fermez la  donc ou rendez- moi vos tabliers !
« Je suis président de la république, je nomme donc qui je veux », nous rappelle bien la déclaration de son maître.

Abdoulaye wade déclarait que Karim Wade, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, sûrement, des terres, des océans de la planète est plus intelligent et plus compétent que tous les leaders de l’opposition’. ‘’Personne dans l’opposition n’a la compétence économique et financière de Karim.’’

 Et Macky suit la même logique décapante, sermonne : Je suis président de la république, je nomme donc qui je veux », Entre wade et son élève, la tonalité des discours se passe de commentaire. La même mécanique sémantique révulse par son caractère névrotique. Lequel des deux méprise autant les sénégalais ? Qui volera un œuf, volera un bœuf.

 La nomination obscure d’Aminata Niane au poste de « conseillère spéciale » relève  incontestablement d’une autre dérive sémiologique plus que parlante, qui en dit long sur la nature de cette nomination à la fois burlesque, irrationnelle. Messieurs les Ministres et Ministres Conseillers, levez-vous et au garde-à-vous, fermez la  donc ou rendez- moi vos tabliers !

 Pourrions-nous blanchir l’actuel locataire de l’avenue Roume, ancien premier ministre du Pape du Sopi, ministre de l’intérieur, directeur de campagne, président de l’assemblée nationale du magistère le plus scandaleux, dont l’immense fortune incongrue, déclarée à demi-mots, ne peut être publiée, au risque de choquer le sénégalais lambda ? Macky Sall à "Jeune Afrique : «il vaut mieux ne rien publier et cacher son patrimoine».  Pendant la campagne électoralo-lobbiste, la propagande débridée aurait voulu que Macky Sall fût l’homme politique le plus expérimenté de toute l’histoire du pays de la Téranga. Un comble tout de même, pour ne pas dire une insulte contre le reste de l’échiquier  qui en a pris pour son grade !  Paraît-il que Moustapha Niasse ne lui arrivait même pas à la cheville.

 Aujourd’hui, aucune voix libre n’est audible pour contenir l’abondance de la servilité à outrance. En lieu et place des esprits décolonisés, les superlatifs superflus, les hyperboles, charriées par le vacarme titanesque de la machine des rapines politiques, sur fond d’anaphores de la démesure pour le dernier venu, ne manquent pas de piment, avec un fort taux d’adrénaline, que rien ne semble retenir, pour l’instant. Mais ce qu’on oublie, c’est que  les Sénégalais ont massivement voté au second tour contre Wade, bien gloutonné,  parrain de la mafia et  candidat de la monarchie du pouvoir par le sang, mais certainement pas par conviction politique à l’égard de celui qui est aujourd’hui, aux manettes, sous les lambris dorés du" ndata talakk" qu’il partage avec sa famille par son caractère  ethno clanique éloquemment transparent . De quand date donc sa fortune cachée ?

 Conseillère spéciale, très emphatique ! Qu’est-ce qui se cache donc derrière cette nomination extraordinairement bizarre au moment où par comme hasard, une enquête préliminaire plus que  fondée, diligentée par le Procureur de la République, chargée de faire la lumière sur la gestion du Projet de promotion des investissements privés (Ppip) logé à l’Apix que dirigeait Aminata Niane. Comme par coïncidence, cette dernière, « très inquiète », est  reçue discrètement plusieurs fois, avant d’être nommée.  Le moins qu’on puisse dire, c’est  que cette nomination trop hâtive semble s’inscrire dans une logique d’histoire rocambolesque et hystérique, ambigüe et obscure. Comment peut-on prêcher à la fois la bonne parole d’une gouvernance de rupture sobre, vertueuse, transparente et nommer discrètement  Aminata Niane, une personne présumée mouillée jusqu’au cou, décriée, coupable et capable des faits incriminés sur des histoires carambouilleuses, suscitant la curiosité du procureur, qui  s’apprêtait, à faire toute la lumière sur la gestion du Projet de promotion des investissements privés sous la responsabilité de l’apix que dirigeait alors cette dernière ?

 Peut-on vraiment parler d’équité, de moralité et d’indépendance de la justice supposée libre et libérée lorsque l’exécutif lui-même  s’autorise tout, en étant  juge et partie ? N’y a-t-il pas l’ombre d’un doute d’une politique à géométrie variable et réellement coupable des pratiques peu orthodoxes lorsque de petits larcins, pour leur grade, sont livrés aux chiens et traînés à la boue,  à  libre cours, sans répit, dans les tribunaux  aux ordres, pendant que l’ex patronne de l’apix, choyée pour ses beaux yeux et non point pour sa compétence supposée, est épargnée des audits audibles ipso facto et nommée conseillère spéciale du président de la république ? Que dire des contradictions d’un régime au verbiage creux et verbeux,  qui  s’autoproclame  vertueux  et  qui s’octroie librement le beurre et l’argent du beurre et les beaux yeux de l’infirmière ?

 Nous l’avions déjà martelé  l’OPA sur les audits audibles à haut débit : à qui profite donc le crime ?

Les audits de la discorde et à géométrie variable,  continuent en grande pompe, selon les mauvaises postures au mauvais endroit et au mauvais moment. Nous sommes au cœur d’un régime présidentiel, qui tourne en plein régime. Il dispose de tous les leviers du pouvoir par sa posture que lui confère la constitution. Il est donc par essence juge et partie. Point de contre-pouvoir, aucune ligne Maginot n’est dressée contre lui. Il décide tout seul in fine.  C’est un véritable monarque de la République. Si l’on veut réguler des prévarications à répétitions,  il faudrait  que l’on mette nécessairement  un  directoire collégial de magistrats totalement libres et indépendants du pouvoir politique. A l’instar des grandes démocraties, il est souhaitable de réformer le statut pénal du président de la République. Mais faut-il  qu’on ait le courage de dire haut et fort  que le principe d’immunité du Chef de l’Etat devient  dans les faits, une impunité inacceptable, alors que pendant ce temps, le citoyen lambda est embastillé le plus souvent pour des broutilles ?

 Pour cela, est-il nécessaire  de créer en permanence tout ce remue-ménage des audits à  libre cours et à tambour battant  sur fond d’effets d’annonce, si l’on ne réforme pas en profondeur la constitution ? Voilà la seule clé de voûte pour stopper les prévarications à répétitions ! Tout le reste n’est que mystification et tromperie.

 Dans une société égalitaire, exemplaire ou supposée comme telle, les audits quoique redoutables pour les coupables, pris la main dans le sac, sont toujours salutaires, recommandables, nécessaires et sur commande recommandée de la moralité politique, au nom de  la transparence démocratique. Car personne ne doit être au- dessus des lois. Pour cela, il faut nécessairement des institutions fortes, respectables, inviolables avec des hommes libres, indépendants du pouvoir politique, aux compétences requises. Or, dans la plupart des pays africains, dont le régime présidentiel est calqué sur le modèle de l’ancien maître, les mêmes déconvenues résultent en réalité, d’une émanation monarchique, taillée sur mesure pour un seul homme, cette réminiscence ringarde,  régente la démocratie par des pirouettes de la ruse.

Car ici,  le parquet tenu en laisse, agit en service commandé sur instruction tacite de l’exécutif, le tout puissant, diligente  en filigrane les opérations sur commande recommandée.  Il y a là une contradiction flagrante et une collusion inacceptable des rôles et ce n’est pas notre vision de la démocratie.

Pour empêcher ces dysfonctionnements trop saillants, allant à l’encontre de la justice, faut-il alors nommer les procureurs par le suffrage universel, au même titre que l’élection du président de la république, à l’instar du modèle anglo-saxon pour éviter justement les intrusions du pouvoir politique ? C’est la seule manière de libérer la justice pour qu’elle puisse travailler librement en toute sérénité et en toute conscience.

Le combat continue !

Ahmadou Diop

 

 


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