mercredi 23 janvier 2019

L’ITALIE, LA FRANCE ET LA COLONISATION – Par Khadim NDIAYE



M
embres du gouvernement italien, merci de rappeler aux autorités françaises leurs crimes. Ces autorités sont dans tous leurs états en ce moment. Pour elles, c’est un coup de poignard dans le dos reçu du frère italiano.
Les dirigeants français n’aiment pas qu’on leur rappelle ce passé si sombre. Ils ont même forgé le concept de « repentance » pour ne pas voir la vérité en face.
Chers Italiens, les Africains apprécient positivement cette dénonciation même s’ils auraient aimé le faire eux-mêmes.
J’en profite quand même pour vous dire que vous aussi avez tenté l’expérience coloniale. Nous n’avons pas oublié, chers frères Italiens. Votre Mussolini a voulu, lui-aussi, offrir à son pays un empire colonial digne des autres grands pays européens.
Votre expérience éthiopienne quoique courte est restée dans les annales. Si vous n’êtes restés que cinq ans en Éthiopie, c’est parce que la résistance a été farouche. Vous avez dû fuir et abandonner le projet.
Mais en seulement cinq années, votre colonisation de peuplement a été surprenante : près de 20 000 Italiens envoyés en Éthiopie !
Beaucoup de choses se sont passées durant ces cinq années, mais nous retenons particulièrement le triste Massacre de Graziani.
Durant 3 jours (entre le 19 et le 21 février 1937), les rues d’Addis-Abeba étaient jonchées de cadavres. On compta au total plus de 20 000 morts ! Le Yekatit 12 (date du calendrier éthiopien correspondant au 19 février) est connu de tous les Éthiopiens. Un monument a même été érigé dans la capitale à la mémoire des victimes.
Un documentaire a été réalisé sur ce massacre par la BBC en 1989, mais vos services de l’audiovisuel (ceux de la chaîne RAI) ont acheté tous les droits afin que personne ne voie les images de ces terribles massacres. Vous aviez voulu cacher le crime.
Chers ministres italiens, merci encore pour le coup de gueule fortement apprécié en Afrique francophone. Vous avez été vraiment francs avec la France sur la colonisation. Nous aussi, avons voulu être francs avec vous.
Cordialement.

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