Un peuple de haute
stature. Abraham Lincoln a été le premier président des Etats-Unis à être assassiné
par un acteur de théâtre pour avoir aboli l’esclavage. Après des périodes les
plus sombres de son histoire avec ses atrocités les plus cruelles, le pays de
tous les excès verse de l’eau dans son vin, rompt d’une façon remarquable avec
son passé. L’adage de chez nous dit : « Tal bu yala tal sani cik mata gueun fey
ko », « inutile de vouloir éteindre la flamme de dieu ; il est donc plus sage
d’y ajouter un morceau de bois ». Qui aurait cru que le métis, né à Hawaï, d’un
père kenyan et d’américaine blanche de souche, dirigerait le pays le plus
puissant de la planète tant au plan militaire, économique et financier ? Et
pourtant, c’est ce qui est arrivé en 2008, et pourtant l’histoire se répète
encore 2012, nonobstant une campagne houleuse de dénigrements systématiques de
la part d’un parti républicain virulent, suffisant, irrémédiablement
communautariste, sur fond de relents éminemment sectaires et racistes.
Obama triomphe, les Etats-Unis gagnent.
Triomphe d’une suprématie démocratique ! Finie la suprématie d’une seule race
triomphaliste. Le meilleur doit être nécessairement la règle comme seule valeur
contre l’envers du décor. Quels que soient les clivages idéologiques des uns et
des autres, maintenant, les américains tranchent en toute conscience et choisissent
librement la meilleure graine. C’est la grandeur d’une nation debout et unie et
fière de l’être.
Une presse hexagonale
aux apparences partiales, partisanes, minimise à mots voilés une nette victoire
exceptionnelle dans un pays fortement touché par une crise économique à grande
échelle.
En
2008 pour son premier mandat, comme d’habitude, la même qui avait choisi son
camp, laissait entendre la victoire d’un métis. Le charismatique
Obama imprime sa marque.
2012, la même presse
récidive, mais change la sémantique mécanique. Après un premier mandat qu’il a
réussi avec brio, malgré l’armada financière et la machine d’influence
infernale psychologique du parti républicain, et seul dieu sait qu’il en a, le
roc tient debout, imperturbable, triomphe et réécrit l’histoire. Palabrer du peu d’intérêt du président réélu à l’égard de
l’Europe, à l’exclusion de sa monnaie forte, qui est l’euro, pour en tirer
profit, cela est réducteur. De même, on peut dire aussi que l’Europe ne
s’intéresse à l’Afrique que pour ses matières premières. D’autre part,
Richelieu disait que les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts.
Alors, ceux qui parlent
de paradoxe ou de victoire à demi teinte, doivent se taire et balayer d’abord
devant chez eux, car, ailleurs, une certaine classe politique xénophobe dans
l’âme, est abonnée éternellement aux pratiques excessives de la surenchère à
haut débit par des amalgames stériles, des stéréotypes à tout vent, le tout
dans un charivari indescriptible, pour désigner des boucs émissaires jetés constamment
en pâture de façon permanente, sans qu’ils puissent répondre aux invectives
gratuites., compte tenu de leur statut. Ce qui vient de se passer est le triomphe d’une suprématie démocratique ! Un fait inédit dans
l’histoire d’un peuple mûr politiquement. C’est l’essentiel ! C’est tout
simplement beautiful !
Dans l’histoire des
Etats-Unis, il est le premier président noir démocrate, à être réélu et cela
malgré une économie touchée à plein fouet, et surtout à quelques jours
seulement d’un ouragan dévastateur qui a failli l’emporter, comme si cela ne
suffisait pas, avec un taux de chômage élevé, avoisinant le chiffre fatidique,
record de presque 8%. Une situation exceptionnelle, un homme exceptionnel. Là
où Sarkozy, Gordon, Berlusconi et Cie, ont été balayés par le tsunami
dévastateur, lui, au contraire, il est béni par « Sandy ». Il est inscrit dans
l’histoire comme une icône ineffaçable, éternelle tel le soldat Mandela. Pour
un premier mandat de quatre ans, il a quatre ans de plus pour régler la question
brulante économique, malgré les blocages politiques tant attendus des mauvais
perdants communautaristes du parti républicain. Barack Obama, l’éternel
vainqueur. Finies les formules incantatoires, stériles : « le vainqueur est
sous surveillance », tous les présidents sont sous pression. Normal.
La
même apparence frustrée, sarcastique, semble regretter à demi-mots, l’échec
cuisant d’un challenger renvoyé à ses chères études. L’hexagonale parle de
paradoxe d’une victoire : Obama n’obtiendrait pas la majorité de la chambre
basse, au profit des républicains, les démocrates creuseraient l’écart pour
obtenir le sénat dans un mouchoir de poche. Il n’y a pas de ferveur d’adhésion
par rapport en 2008. La magie a disparu. Il n’y a pas raz- de- marée. Le
président est réélu, mais les piques ne manquent pas pour assombrir
intentionnellement une victoire écrasante.
Sans
le dire ouvertement, la presse dénie le statut de héros à un noir. La photo
d’Obama enlaçant Michelle, fait le tour de la planète. Image subliminale, emblématique
de Michelle Obama enlaçant son mari comblé de bonheur, vainqueur, deux fois
élu.
Une
famille digne, soudée, Michelle Obama et ses deux filles, Maya et Sacha. Bref,
les preuves de la méritocratie au bon endroit, que l’histoire retiendra à tous
les coups, non nonobstant les esprits incantatoires, grincheux et vindicatifs.
La route est balisée dorénavant où noirs et
blancs auront les mêmes chances pour accéder au sommet de l’Etat, peu importent
donc les origines où la couleur de peau jouait un rôle majeur, ou le noir,
l’hispanique par rapport au blanc n’étaient pas dans le même registre. Tout
cela a volé en éclats. Le clone de Mandela est plus que jamais entré dans
l’histoire.
Une société figée, jadis
fondée exclusivement sur l’hégémonie d’une seule race blanche prétendument
supérieure « choisie par dieu », pouvait à elle seule, accéder à la
magistrature suprême.
Désormais, le mur
s’effondre tel un château de carte. Les fondements d’un système régnant en
maître absolu depuis des siècles et des siècles, sont révolus et s’écroulent,
place désormais au même vainqueur du 4 novembre 2008, toujours en orbite.
Aucun homme noir, fût-il
charismatique, avant lui, n’a accédé à ce poste si prestigieux, ni suscité même
autant de passions et de supputations dans l’histoire des Etats-Unis. Un seul
homme, un rassembleur de conscience, fait trembler désormais les maîtres de
l’establishment réactionnaire qui perdent leur sommeil depuis des mois. Ce soir
là, malgré le terrorisme idéologique, l’homme renverse
le cours de l’histoire. Place à la lumière magique contre l’obscurité. Ce soir
là de novembre 2008, je me rappelle, les appréciations, les périphrases de la
prudence affichée des spécialistes de tout bord, allaient bon train ; tandis
que le roc imperturbable, souriait sereinement au pied de son avion, après
avoir voté. Ici en France, les yeux rivés sur le petit écran, on retenait notre
souffle. Et pour cause.
Un coup de maître parfait
d’un génie. Un homme jusque là inconnu du grand public,
un nom évocateur, Barack Obama qui rappelle bien quelque chose en Afrique, qui
veut dire béni, « le brack » un titre honorifique bien connu, un nom qui ne
laisse aucun doute, cet africain de mère blanche aux âmes bien nées et d’un
père né au Kenya, une région des Grands lacs où l’homme a vu le jour pour la
première fois et qu’il fallait être nécessairement noir pour survivre, a
inventé le slogan le plus percutant : « yes we can », un discours rassembleur
qui a porté tous les espoirs d’un peuple. C’est cet Homme là, qui est à la tête
du pays le plus puissant du monde. Une victoire sur l’arbitraire. Un honneur pour toute l’Afrique et la
Diaspora noire. Un électrochoc salutaire fait tomber les masques. Les verrous
ont donc sauté. Que de braises,
de chemins parcourus pour en arriver là. Abraham Lincoln, John Kennedy, Martin
Luther King, Malcolm X, et tant d’autres, ont payé les lourds tributs de cette
politique ségrégationniste institutionnalisée au cœur d’un Etat oppresseur.
Dans les années 60, les
noirs qui réclamaient leurs droits étaient chassés comme des gibiers, torturés,
assassinés par une « police protégée » par les hautes sphères de l’Etat, tirait
froidement sur les manifestants noirs, catalogués de bandits ou de communistes,
ce que l’on appelait le maccarthysme, inventé par le sénateur Joseph McCarthy.
L’organisation terroriste, le ku klux
klan, du sud, semait la terreur partout. Jusqu’à présent, une minorité
clandestine continue d’exister. Rappelons
que Rosa Parks, dans les années 1955, cette figure de proue, une dame noire,
courageuse et couturière de 50 ans, devenue célèbre, pour avoir refusé de céder
sa place à un passager blanc dans un bus. Elle est arrêtée
aussitôt. Une
protestation des noirs sévèrement réprimée dans le sang. Si
l’humanité a vécu des tragédies dans son existence, le noir en a le plus
souffert incontestablement. Quatre
siècles d’esclavage sans salaires, sans compter les brimades, les viols
autorisés, même les chiens étaient mieux traités. C’est quoi donc un esclave ? L'esclavage est la condition d'un
individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et
négociable comme un bien matériel, d'une autre personne.
Des hommes et des femmes
enchaînés comme des animaux dans des bateaux dont la plupart moururent en
pleine mer à la merci des requins. C’est cet esclavage d’hommes et de femmes
qui a permis l’industrialisation de l’Europe et des Etats-Unis. Barack Obama,
originaire du Kenya, dans la région des grands lacs où l’homme a vu le jour
pour la première fois dans des conditions exceptionnelles où il fallait être
noir nécessairement, est élu à la tête du plus puissant pays de la planète. Le
libérateur a donc brisé les chaînes. Le bon sang ne ment jamais. C’est bien la
preuve matérielle que l’intelligence ne saurait en aucun cas être le monopole
d’aucune race.
Rétrospectives sur un homme de conviction : Barack Obama,
premier Président noir dans l’histoire des Etats-Unis extrait de mon ouvrage : Ahmadou Diop :
Auteur chez Edilivre
«
Si l’élection du candidat Obama à la présidence des Etats-Unis constitue une
date historique depuis le 4 novembre 2008 dans la politique américaine, il n’en
demeure pas moins vrai que celle du 20 janvier 2009, pour son investiture
historique, 44 ème président noir de l’Etat le plus puissant de la planète, est
aussi charnière historiquement.
Une investiture historique et magique.
11 heures 38. Soit 17
Heure 38 heure de Paris. Une Marée humaine déferlante de plus de 2 millions
d’américains rassemblés devant le Capitole plein à craquer, bravant une
température avoisinant - 4 degrés, acclament bruyamment Obama et la First Lady
noire, Michelle, élégante, rayonnante, vêtue d’une robe fourreau or pâle. Pause
musicale. Retentit alors la voix grave puissante de la très respectée Reine de
la Black Soul, Aretha franklin, Grande diva, préférée d’Obama, figure
emblématique chantant le nouveau élu Obama. Joe Biden, vice président des USA,
prête serment devant les caméras du monde. Un événement historique dans un pays
où le mariage interracial était totalement interdit. Obama a vaincu le mammouth.
12h00 06. Soit18 heures 06 à Paris.
Après les 21 coups de
canon traditionnels, Barack Hussein Obama, vêtu d’une remarquable tenue noire,
prête serment sur la même bible qu’Abraham Lincoln, le père de l’abolition de
l’esclavage, assassiné sauvagement par des militants chevronnés du racisme du
Sud. Embarqué dans un hélicoptère, Bush quitte donc le pouvoir au bilan
économique médiocre, un président impopulaire le plus bas dans le baromètre de
l’histoire des Etats-Unis.
Déjeuner au Capitole
200 invités triés sur le volet partagent le
bonheur du couple le plus célèbre de toute l’histoire des Etats-Unis. Un couple
noir exceptionnel à la Maison Blanche. Du capitole vers la Maison Blanche, dans
la rutilante super Cadillac blindée, sécuritaire, le couple majestueux, joyeux,
imperturbable, saluant la foule, en extase, marchant tantôt à pieds, tantôt en
voiture, sous le regard médusé de la sécurité, craignant le pire.
16 heures 30. Soit 22 Heures 30 à Paris.
Le couple arrive à la maison Blanche sous les
ovations délirantes d’une foule enivrée de joie où les uns pleurent d’émotion.
La parade militaire commence.
Derrière une vitre pare balles, le couple
esquisse des pas de danse devant une Amérique acquise à plus de 80%. C’est
fort. Un régal tout simplement. L’ère d’Obama ou la fin de l’imposture. C’est
sûr, clair, net et précis ! Tout simplement beautiful ! Une grande première
avec un grand « G ». Une grande opération ultra sécurisée impressionnante
jamais vue pour parer à toute éventualité. Une Limousine blindée, une Cadillac
USA1 noire increvable, anti-roquettes, roulant au pas. Une puissance à
l’épreuve. Une journée magique. Une ferveur populaire hors pair. L’histoire n’a
de sens que lors qu’elle se passe là où ça se passe quand ça se passe. Bush
quitte le pouvoir au bilan économique médiocre. Un nom dans les annales de
l’histoire.
Cette prestation de
sermon au Capitole devant une telle marée ne pouvait être plus émouvante dans
cette terre jusque là réservée exclusivement à l’homme blanc, prétendument «
supérieur ». Un sacre magistral bien mérité. Une longueur d’avance sur le reste
du monde. Une belle leçon de démocratie. Une fin heureuse sonnant le glas d’une
idéologie fondée exclusivement sur la couleur.
Dieu ne choisissant jamais les choses au
hasard, a donc bien choisi un noir pour diriger la première puissance mondiale.
Politiquement, cette dynamique changera le regard du noir dans le monde.
L’injustice ne peut être éternelle. Seule la vérité prime sur tout. Quelques
esprits grincheux, à défaut d’argumentaires, diront que c’est un métis. Ce
n’est pas nouveau dans l’histoire des noirs, les initiateurs de toute
l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, c’est l’Europe qui occupe le haut du
pavé. A qui le tour demain ?
We change, yes we can
Les pharaons de
l’Egypte nègre authentique dominaient incontestablement le monde. Pourtant,
aujourd’hui, l’Afrique est exclue de l’historiographie mondiale pour des
raisons purement idéologiques, et non sur des bases scientifiques
».
Le combat continue !
Ahmadou Diop
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